3 questions à Mikaël Cabon, Directeur de la formation Code.bzh

A quelques jours de la fin de la 1ère édition de Code.bzh, Mikaël Cabon, directeur de la formation, répond à 3 questions… Interview…

Comment est né le projet Code.bzh ?

Le constat d’un manque de formations dans le domaine de la programmation numérique sur Brest est venu lors de rencontres de la French Tech Brest plus sur la questions des talents. La problématique était de savoir comment attirer, conserver ou former des personnes demandeuses aux métiers d’aujourd’hui et de demain et en particulier dans le monde du développement informatique. C’est un problème majeur pour les entreprises de ce secteur de disposer des compétences en local pour développer leur entreprise. Avec Jessica Pin, directrice de la cantine numérique, nous préférons l’action aux longs discours, et nous avons décidé de nous positionner sur cette thématique en proposant un projet, à l’heure où l’Etat lançait son deuxième appel à projets Grande Ecole du Numérique. Nous avons rencontré beaucoup d’entreprises en pitchant le projet et en écoutant avec beaucoup d’attention leurs propositions. De là est né le concept Code.bzh, qui a pris forme quand la Maison de l’Emploi et de la Formation Professionnelle, via Hélène Le Bihan, a intégré le projet sur la partie financière. Ce trio apporte, chacun à sa mesure, ses compétences et son envie. Pour la Maison de l’Emploi, les relations administratives entre les financeurs et les stagiaires, à la cantine, les relations avec l’écosystème, et à l’ISEN, que je représente, le portage du projet et la mise en place de la formation académique.

La région Bretagne et Pôle Emploi contribuent au projet en finançant les coûts pédagogiques et l’indemnisation des apprenants, et la ville, la métropole et l’Europe soutiennent le projet. Nous avons également reçu une dotation de la Fondation de France pour l’équipement informatique des apprenants. Et Enedis Bretagne nous a très vite rejoint pour parrainer la première promotion.

Aucune des structures partenaires n’a de but lucratif, nous avons donc pu proposer un coût de formation plutôt bas et approprié.
Dès le début de la communication sur le projet, nous avons senti que Code.bzh répondait à un vrai besoin chez les demandeurs d’emplois. Le projet était en marche. Il restait alors à le concrétiser.

 

 

Quel bilan tirez-vous de la première promotion ?

Au total, 272 personnes ont candidaté, 80 ont été reçues en entretiens et 30 sélectionnés pour entrer en formation. Le profil de la promotion correspond peu ou prou à  nos objectifs : une grande diversité de profils en âge, en expérience, en diplômes, en genre.

Ainsi, la moitié des apprenants sont des apprenantes – une performance dans un monde informatique très masculinisé depuis les années 80 -, 1/3 ont un niveau de diplôme « inférieur » au bac, et un quart ont une reconnaissance travailleur handicapé – ce qui n’était pas un critère en soi mais est devenu une caractéristique.
Après un module de tronc commun, où le but était de mettre les connaissances fondamentales à niveau et de valoriser leur parcours – ils disposent souvent de talents qu’ils ignoraient, et tout un travail a porté sur la mise en avant de leurs richesses personnelles – les apprenants se sont répartis de manière à peu près égale dans les trois modules de spécialisation, back end, front end et web marketing-web design.
Notre angle d’attaque a été de les former aux langages informatiques les plus répandus pour les amener vers des langages plus contemporains et sur lesquels les besoins vont grandissants : angular et node js par exemple. Au total, la formation dure 9 mois, dont trois mois d’expérience en entreprises. Les entreprises d’accueil sont diverses, cela va de l’entreprise de consulting ou du monde digital à des entreprises du bâtiment, de la start-up à l’entreprise bien installée.

Ils étaient 30 au départ, et trente à l’arrivée. C’est aussi le signe que la formation, dans l’ensemble, a plu aux apprenants. Au-delà du savoir, via les cours et les projets, nous avons ouvert les portes de multiples réseaux pour que les apprenants se confrontent au marché et constituent leur premier réseau professionnel, celui qui, bien souvent, permet de trouver des postes intéressants et nouer des relations informelles porteuses de sens. Ainsi, ils ont participé à plus de 150 événements, conférences, rencontres… au cours de la formation.

Mieux encore, le but était que les apprenants trouvent un travail. Un mois avant la fin de la formation, la moitié d’entre eux a un projet professionnel clair : reprise d’études déjà acceptée, création de sa propre activité ou contrat de salarié.

 

 

Quelles perspectives pour 2018-2019 ?

Code.bzh est un projet citoyen. Pour l’ISEN, qui porte le projet, cela correspond à une volonté d’ouverture sociale dans le monde de la formation. Le but de l’école est de former des personnes pour que les entreprises locales puissent se développer en les recrutant. En interne, dans l’équipe qui s’est mobilisée sur le projet, je pense aux intervenants, aux entreprises partenaires, aux financeurs, ce projet a été porteur de sens. Quand vous allez au travail le matin, avec la sensation palpitante que votre travail est d’une utilité capitale pour plusieurs dizaines de personnes, cela vous transcende, donne du sens à votre mission de formation. Beaucoup de personnes ont aidé, directement ou indirectement, la formation à voir le jour et à exister, qu’elles en soient remerciées.
Difficile alors que l’on s’arrête au bout de la première saison…

Nous travaillons sur l’ouverture d’une nouvelle promotion à l’automne. La balle est dans le camp des financeurs. Plusieurs projets sont en cours.

Notre labellisation « Grande Ecole du Numérique » a été attribuée pour trois ans et nous allons redéposer des dossiers pour le nouvel appel à projets avec des formations nouvelles sur la sécurité informatique par exemple. Ces formations auront une coloration professionnelle plus poussée encore avec des périodes d’alternance.
La période qui nous sépare de ces prochaines rentrées est un peu frustrante puisque le temps passé à monter ses dossiers financiers et administratifs est long et nous éloigne du véritable objectif : former des personnes décrochées du monde de l’emploi actuel. Je trouve cependant dans chacun des profils des raisons d’espérer. En moyenne, les apprenants ont travaillé près de 50 heures par semaine pendant neuf mois, entre les cours, les projets, le travail personnel, les événements extérieurs… Ils sont tous restés jusqu’à la fin et quand ils se voient confier un projet, ils se démènent pour le mener à bien, en faisant preuve d’inventivité et d’abnégation. Ce sont là des qualités essentielles dans notre monde. Leur niveau a considérablement augmenté entre le début de la formation et la fin de celle-ci. La relation de confiance réciproque mise en place au cours de l’année, notamment avec Thierry Le Pors et Tatiana Kusberg, les coordinateurs, les invite à voir l’avenir avec optimisme. Sans être en concurrence avec les dispositifs en place, Code.bzh les a complétés.

Pour Brest, cela montre que nous sommes capables de monter de beaux projets par et pour les talents de notre région. C’est là une réussite indéniable et la preuve de notre talent collectif !

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